INTRODUCTION

Eberhard Demm

Quand il y a environ dix ans j'ai commencé à m'intéresser aux questions baltes, mes collègues le considéraient comme un sujet un peu bizarre voire ésotérique, et apart quelques chercheurs spécialisés surtout aux Etats Unis seuls les cercles d'exilés lituaniens et germanobaltes en Allemagne s'intéressaient à mes recherches. En affet le sujet semblait d'un intérêt purement historique car les pays baltes avaient perdu leur indépendance il y a quarante ans et paraissaient résolument et irrévocablement intégrés au bloc soviétique. Qui aurait osé prédire un nouvel éclatement de l'Empire russe et un deuxième printemps de liberté pour les peuples baltes? Cependant j'aurais du savoir mieux car Hans Kohn, le célèbre historien du nationalisme, en 1968/69 "visiting professor" à Berlin, m'avait enseigné la vigueur du sentiment national obligeant les empires multinationaux de céder plus tot ou plus tard.

On dit souvent que l'histoire ne se répète pas mais pour les pays baltes la continuité entre les combats d'indépendance de 1918/19 et de 1990/91 saute aux yeux et il me semblait intéressant de comparer ces années cruciales dans le cadre d'un colloque unissant les meilleurs chercheurs sur la question. Quelles étaient les origines, les causes et les conséquences des mouvements d'indépendance baltes, quel était le rôle des grandes puissances européennes face à ces événements, et quels étaient les aspects politiques, idéologiques et économiques de ce problème--c'étaient les questions à aborder pendant ce colloque.

Ensemble avec mon ami Jean Grison, chercheur et président de l'Assocation franco-balte, dans laquelle nous avons milité depuis 1987 pour aider les pays baltes, j'ai envoyé en printemps 1992 des "calls for papers" et la réponse était impressionnante: environ 50 chercheurs des pays Baltes, de la France, des Etats Unis, de l'Allemagne, de la Suède, de la Finlande, de la Pologne et même du Japon se sont manifesté et ont envoyé des propositions de communication. Ensuite il fallait trouver l'argent. L'époque y était favorable. A l'exception des communistes les Français étaient enthousiasmés par le combat des peuples baltes pour leur liberté et le colloque coïncidait avec l'automne balte organisé par le Ministère de la Culture où pendant plusieurs mois des artistes des pays baltes étaient invités à plusieurs manifestations à Paris et en province. Dès le début mon collèque M. Jean Lefèvre, Vice-Président de l'Université Paris XII, m'assurait du soutien financier du conseil scientifique et m'encouragait dans mes efforts, également M. Maurice Aymard, directeur des échanges internationaux à la Maison des Sciences de l'Homme à Paris. M. Christian Hervé, Sénateur et président du groupe d'amitié franco-balte au Sénat, M. Michel Pelchat, Député de l'Essonne et président du groupe d'amitié France-Lettonie à l'Assemblée nationale ainsi que Mme. Ugné Karvelis, Commissaire général de la "Saison balte" m'assuraient également de leur soutien. Mais c'etaient surtout les Ministères qui s'engagaient généreusement dans le soutien financier de ce colloque. Avant tout je remercie M. Jean Beauprètre, sous-directeur des Sciences sociales et humaines au Ministère des Affaires Etrangères qui ne finançait pas seulement les frais de voyage et de séjour de la plus grande partie des chercheurs baltes mais qui me conseillait aussi dans beaucoup de questions d'organisation. Je remercie aussi vivement M. Serge Duhamel, Directeur des Affaires générales internationales et de la coopération au Ministère de l'Education nationale et de la Culture ainsi que M. Jean-Michel Chasseriaux, directeur de la Délégation aux Affaires internationales du Ministère de l'Espace et de la Recherche de leurs aides financières. M. Cathala, Maire de la Ville de Créteil et Secrétaire d'Etat à la Famille, aux Personnes Agées et aux Rapatriés, invitait les congressistes à une splendide réception, et M. Bernard Dizambourg, Président de l'Université Paris XII, à un somptueux déjeuner. M. Auget du service financier de l'Universite se chargeait du remboursement des frais de voyage d'une facon rapide et non-bureaucratique. M. Dizambourg mettait à notre disposition la salle des théses, et M. Tarmo Junnas, directeur de l'Institut finlandais, une salle à son Institut. Je leur remercie tous de tout mon coeur.

La veille du colloque une Table Ronde sur la question "Les pays baltes-quel avenir?" avait lieu à l'Institut Finlandais de Paris, avec la participation de M. Tarmo Kunnas, directeur de l'Institut, M. Martins Virsis, Vice-Ministre des Affaires Etrangères de Lettonie, Mme. Malle Talvet, chargée d'affaires de l'Ambassade de l'Estonie à Paris, Mme. Sonoko Shima de l'Ambassade du Japon à Stockholm, M. Jan Arveds Trapans de Radio Free Europe, Munich, M. Jerzy Targalski, journaliste polonais à Paris, M. Alfred E. Senn, de l'Université de Wisconsins (U.S.A.), et M. Karlis Kangeris du Centre d'Etudes Baltes de l'Université de Stockholm.

Le colloque avait lieu du 23 au 25 octobre à l'Université de Paris XII à Créteil sous le Haut Patronage de M. Edgar Savisaar, ancien Premier Ministre de la République d'Estonie, de M. Martins Virsis, Vice-Ministre des Affaires Etrangères de la République de Lettonie, et de M. Osvaldas Balakauskas, Ambassadeur de la République de Lituanie en France. C'était le premier colloque sur les pays baltes en France, et malgré le fait que les communications et la discussion se déroulaient en trois langues différentes, en français, anglais et allemand, les débats étaient intenses et ouvraient de nouvelles horizons sur les questions abordées. Je remercie les collègues baltes pour avoir rédigé leurs communications dans une langue qui n'est pas la leur.

Pour la publication des actes je remercie l' Assocation for the Advancement of Baltic Studies qui a consenti d'en assurer les frais de publications conjointement avec l'Université de Paris XII. Je remercie vivement les professeurs William Urban (Monmouth College) et Roger Noël (Georgia College) pour m'avoir aidé dans le travail énorme d'amélioration de style et de correction des épreuves. Je souhaiterais que ce livre contribue à une meilleure compréhension des mouvements pour l'indépendance balte.



WHICH FREEDOMS FOR THE BALTIC NATIONS?

Speech Delivered at the Opening of the Baltic Conference

on Oct. 23, 1992, at the University of Paris - Val de Marne

Eberhard Demm

I have the great honor and the immense pleasure to welcome you to the conference on the Independence of the Baltic nations. I need not tell you but I perhaps have to tell the French public that the Baltic nations were already independent states long ago: in the 14th century Lithuania was the most powerful state in Eastern Europe and long warded off the assault of German and Russian armies until she was swallowed up by the Russian Empire in the 18th century. Estonians and Latvians lost their freedom already in the 13th century, first to the Germans, then to the Swedes, finally to the Russians, and only in the First World War, when Russia was completely defeated, did their hour of liberty come again. Now after fifty years under the Soviet knout, you can finally breathe freely, but is this freedom really complete?

On January 6th, 1941, Franklin D. Roosevelt, then president of the United States, proclaimed the "Four Freedoms" which were later incorporated in the Atlantic Charter: freedom of religion, freedom of speech, freedom from want, and freedom from fear. You are now free from fear. Indeed, you do not tremble any more that the KGB will knock at your door at night dragging you away to Siberia, to the pernicious Gulag Archipelago, but what about freedom from want? Fifty years of communist mismanagement have left the economies of the Baltic nations in shambles, and if political independence should mean economic poverty, then freedom might be lost again.

What can be done about this? There is only one solution: help from the West, not in scanty drops, but as generously as possible, even if this involves sacrifices on our part. Economic well-being is an integral part of independence. France is not as rich a country as Germany or Switzerland, but the government of the French Republic has set an example by organizing a splendid Baltic autumn. Many artists from your countries have been invited, and within the framework of this conference twenty-five of the most illustrious researchers were invited as well who otherwise could not have come to Paris. This is an illustration of the principle proclaimed in 1789: fraternité, brotherhood or solidarity, as part of the three ideals of the French Revolution--liberté, égalité, fraternité--fraternité understood as economic and political solidarity and also as a first step: interest in the culture and history of the Baltic countries. Our government has shown that this conception of fraternité is not forgotten. Freedom and independence in such a broad sense is a goal which is not achieved immediately, it is a goal for which we must struggle every day. Knowing the causes and consequences of Baltic independence in 1918/20 and 1991/92 might help us to be better prepared for this struggle and not to yield again to reactionary forces who might try to take it away. Long live the freedom and the independence of the Baltic nations! Vivent la liberté et l'indépendance des nations baltes!

Obtainable in paperback through the Lithuanian Research and Studies Center, 5600 South Claremont Ave., Chicago IL 60636-1039. Tele: (773) 434-4545. $20 plus $4.95 postage and handling.